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Manufacturier et innovation

Lettres ouvertes

23 juillet 2025

Protéger 3200 emplois au Québec ou importer du cuivre chinois ?

Fonderie Cuivre Horne de Rouyn-Noranda
Le débat actuel sur l’avenir de l’unique fonderie de cuivre du Canada, à Rouyn-Noranda, n’est pas seulement un débat technique sur la valeur d’une norme de particules ou d’une autre, d’une manière de mesurer ces normes ou d’une autre. C’est aussi un débat économique sur cette question-ci : sommes-nous prêts à sacrifier 3200 travailleurs en Abitibi-Témiscamingue et dans l’Est de Montréal pour importer notre cuivre de compétiteurs comme la Chine ?

Le cuivre est un métal essentiel à notre vie courante comme à nos grands projets de transition verte, de nos appareils électroniques jusqu’aux éoliennes qui nous fournissent de l’énergie propre.

En pleine tourmente géopolitique, nous avons le privilège de disposer d’un approvisionnement local, fiable et répondant à des normes environnementales beaucoup plus strictes que celles de notre principal concurrent.

La filière québécoise du cuivre, c’est aussi une contribution de 848,1 millions au PIB du Québec, majoritairement en Abitibi-Témiscamingue ainsi que dans l’Est de Montréal.

La fonderie Horne de Rouyn-Noranda et l’affinerie CCR de Montréal-Est sont des moteurs économiques pour ces deux régions que l’on néglige trop souvent dans nos politiques publiques. Deux régions industrielles fières qui contribuent à notre richesse collective, l’Abitibi-Témiscamingue et l’Est de Montréal.

Aujourd’hui, notre industrie du cuivre est fragilisée et, par le fait même, ces deux régions importantes le sont aussi.

Une triple menace sur notre cuivre

Déjà, depuis trop d’années, la surproduction chinoise déstabilise les marchés et compromet la rentabilité de notre production locale. Les marchés internationaux sont pris d’assaut par le cuivre chinois, produit dans des conditions sociales et environnementales déplorables.

Il y a quelques semaines, l’administration Trump en a rajouté en menaçant d’imposer des tarifs douaniers sur les importations de cuivre.

C’est plus de 50 % de notre production de cuivre raffiné qui est exportée aux États-Unis, de quoi mettre sérieusement en péril notre industrie. Un double choc potentiel.

En parallèle, l’industrie fait face à des défis environnementaux réels à Rouyn-Noranda, liés aux opérations de la fonderie Horne, où il faut concilier la santé publique avec la viabilité technique et économique des activités.

Ces risques combinés, s’ils ne sont pas maîtrisés, mèneront à des pertes d’emplois bien rémunérés, à la dépendance stratégique du Québec et du Canada envers des puissances étrangères comme la Chine et à l’effondrement d’une industrie essentielle. Si cette chaîne est rompue, elle ne reviendra pas.

Faire les bons choix pour protéger notre industrie

Nous lançons donc, en tant que représentants des milieux économiques du Québec, de l’Est de Montréal et de Rouyn-Noranda, un appel urgent aux gouvernements du Québec et du Canada afin de protéger notre industrie du cuivre.

Il est plus que temps de se doter d’une stratégie nationale de protection et de valorisation de la filière du cuivre.

Nous pouvons nous inspirer de ce que nous faisons pour d’autres métaux stratégiques comme l’aluminium et l’acier, qui font eux aussi face à plusieurs risques tant internationaux que nationaux.

Il faut aussi que le gouvernement du Québec trouve le bon équilibre concernant les normes environnementales imposées à cette industrie.

Oui, il faut que la collaboration se poursuive afin d’en améliorer le bilan environnemental. Cela doit toutefois se faire en tenant compte de la réalité des 3200 personnes dont l’emploi est lié à cette industrie. Il faut aussi se demander si la santé publique est mieux servie si, à défaut de faire preuve de réalisme quant à une norme ou une autre, nous nous retrouvions à devoir importer davantage de cuivre chinois.

Toutes les parties impliquées s’entendent sur la nécessité d’actions concrètes pour améliorer la cohabitation de cette industrie stratégique avec les populations avoisinantes et avec notre environnement. Avançons dans cette direction, toujours avec vigilance, mais aussi avec pragmatisme.

Notre chaîne du cuivre est sous pression. Mais ensemble, nous pouvons assurer son avenir, malgré les actions de la Chine et du président Trump. Face à cette pression, serrons les coudes et relevons ensemble le défi de redorer le blason d’une industrie qui fait la fierté de Rouyn-Noranda, de l’Est de Montréal et du Québec !

Cosignataires

Véronique Proulx

PDG, Fédérations des chambres de commerce du Québec (FCCQ)

Jean-Denis Charest

PDG, Chambre de commerce de l’Est de Montréal (CCEM)

Éric Beaupré

Premier vice-président, Chambre de commerce et d’industrie de Rouyn-Noranda (CCIRN)

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