Lettres ouvertes
29 septembre 2025
Lettres ouvertes
29 septembre 2025
Quatre grands chantiers prioritaires doivent remonter au sommet de la pile de devoirs des ministres québécois s’ils veulent véritablement relancer notre économie avant la fin du mandat actuel. C’est le constat auquel j’arrive en parlant quotidiennement aux entrepreneurs que nous représentons à la Fédération des chambres de commerce du Québec.
Le contexte géopolitique instable, le retard de productivité, le manque de main-d’œuvre qualifiée et les finances publiques précaires ne donnent pas au gouvernement le luxe de s’éparpiller. Après un remaniement et à la veille d’une nouvelle session parlementaire, il ne leur reste qu’une seule année pour donner un nouvel élan à notre économie en perte de vitesse
Depuis des décennies, les gouvernements du Québec se sont succédé en appliquant trop souvent la même recette : un problème, un règlement, ou un problème, un formulaire. Le Québec est devenu champion de la surrèglementation et de la lourdeur bureaucratique. Le résultat aujourd’hui, c’est que nos entreprises se battent avec les mains attachées derrière le dos.
Les délais pour obtenir des permis gouvernementaux ne font que s’étirer. Pour certains projets, ça peut représenter des millions de dollars en coûts supplémentaires! Les nouvelles lois sur la protection des renseignements, la langue française et la réparabilité des produits, toutes vertueuses en soi, sont chaque fois un casse-tête de plus qu’on refile à nos dirigeants de PME. Et pour les remercier de leurs efforts, leurs tarifs d’électricité ont connu bond prodigieux. Un coup de barre est nécessaire pour redonner de l’oxygène à nos PME, que ce soit en baissant leurs impôts, en réduisant leurs tarifs et en les libérant du fouillis réglementaire et bureaucratique.
Depuis l’inauguration du second mandat Trump, nos entreprises doivent composer avec une nouvelle réalité : notre plus grand partenaire commercial n’est plus fiable. En réaction aux tarifs et aux menaces, le gouvernement fédéral a aussi annoncé récemment une politique « Achetez canadien » qui entrera en vigueur en novembre. Le Québec doit emboîter le pas et se doter d’une politique d’approvisionnement préférentiel plus ambitieuse, tant aux niveaux québécois que municipal.
Tant que le critère du plus bas soumissionnaire sera la norme, on continuera de s’approvisionner à l’étranger alors que des alternatives locales existent. C’est vrai en infrastructures, en technologies, en santé, en agroalimentaire… Alors que les audiences de la commission Gallant alimentent les bulletins de nouvelles, il apparaît urgent de réformer aussi les modes d’octroi de contrats gouvernementaux en misant sur des critères de valeur, de qualité et de durabilité.
Le défi numéro un des PME des régions, c’est le manque de main-d’œuvre locale qualifiée. Cet automne, nous serons conviés à Québec pour être entendus sur les cibles d’immigration des quatre prochaines années, incluant l’immigration permanente. Et là aussi, il faut réorienter notre politique pour la reconnecter avec la réalité économique. Nous avons besoin de 106 000 nouveaux travailleurs issus de l’immigration à chaque année pour les 4 prochaines années. Davantage de travailleurs quittent le marché que le nombre qui y entre. C’est mathématique. Les cibles proposées par le gouvernement en ce moment sont une catastrophe économique annoncée.
La richesse du Québec passe par celle de ses 17 régions, de Montréal à la Côte-Nord. Leur dynamisme passe entre autres par des infrastructures qui permettent d’accéder à de nouveaux marchés, de favoriser la mobilité de la main-d’œuvre et d’assurer le bien-être de la population. Pour freiner l’escalade des coûts des chantiers lancés en catastrophe quand nos stations de métro, nos écoles et nos routes doivent être fermés d’urgence, le Québec doit se doter d’un plan clair de réhabilitation et de maintien de nos infrastructures publiques.
Nous avons au Québec des talents, des innovations et des matières premières qui sont enviables. Nous sommes positionnés pour être des leaders de la transition énergétique et du rehaussement de nos capacités de défense. Mais je parle chaque jour à des femmes et des hommes d’affaires qui s’impatientent. Il faut qu’un nouvel élan soit donné rapidement.
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