Finances et économie

Lettres ouvertes

10 juillet 2023

Réflexions économiques sous le parasol

Le questionnement est le même, que l’on soit un politicien ou un lecteur : quand le soleil réapparaît et que les vacances se pointent le nez, vaut-il mieux opter pour des choix légers pour se changer les idées ou profiter de l’espace mental retrouvé pour s’attaquer aux sujets plus complexes ou aux grands classiques pour lesquels le temps manque toujours ?

Pour nos parlementaires québécois, la période estivale constitue un moment de repos amplement mérité, mais aussi l’occasion de faire des bilans et des projets pour l’avenir. Justement, sous quels auspices entamons-nous les vacances cette année ? Quel regard porter sur le chemin parcouru et, surtout, sur les enjeux qui meubleront la deuxième moitié de 2023 ?

Alors que le marché de l’emploi retombe progressivement ailleurs au Canada, le Québec maintient une vigueur incroyable et un taux de chômage historiquement bas. De plus, comme nous l’avons vu durant la pandémie, et encore récemment avec la crise des incendies de forêt, le Québec sait réagir aux crises qu’il affronte et démontre une grande résilience économique et sociale.

Nos finances publiques ne sont pas en reste et demeurent enviables à plusieurs égards dans les circonstances.

Évidemment, certains défis subsistent. L’inflation continue d’être problématique, la pénurie de main-d’œuvre ne se résorbe pas, l’accès au logement est famélique et nos services publics sont mis à rude épreuve. Le Québec doit par ailleurs amplifier ses efforts environnementaux et réussir son adaptation aux changements climatiques. La filière batterie, aussi impressionnante soit-elle, ne sera pas suffisante pour faire le travail. Nous aurons besoin de deux révolutions industrielles simultanées afin de rehausser notre productivité et de décarboner notre économie. Tout cela alors que nos surplus énergétiques, longtemps l’atout caché dans notre manche, se réduisent comme une peau de chagrin.

Il nous faudra donc des solutions, et vite ! Au cours des prochaines semaines auront lieu de nombreuses consultations importantes afin de mettre en branle certains des changements nécessaires.

Le Québec entame actuellement des exercices importants de consultations sur l’avenir de nos politiques d’immigration et sur notre avenir énergétique. Un projet de loi costaud est d’ailleurs attendu cet automne, afin de moderniser la législation pour nous permettre d’être plus agiles dans la transition énergétique et la gestion de notre consommation collective. La communauté d’affaires a des attentes à cet effet qu’elle nous formule régulièrement. Elle devra faire partie davantage des consultations du gouvernement, puisqu’à l’instar des particuliers, les entreprises sont également des consommatrices importantes d’énergie.

Un autre projet de loi est attendu sous peu afin d’amener de la flexibilité et de la productivité pour l’industrie de la construction. Sans compter que nous sommes toujours en attente du plan d’action gouvernemental en habitation et de la réforme de notre système de formation professionnelle, annoncée depuis belle lurette. Il s’agit ici de projets structurants qui, à terme, changeront notre quotidien et qui méritent l’attention de l’ensemble de la société.

Les négociateurs du gouvernement seront également très occupés alors que se tiendra probablement cet automne le début de moyens de pression syndicaux dans le cadre du renouvellement des conventions collectives des fonctionnaires, mais également des employés des réseaux soutenant les principales missions de l’État, soit l’éducation et la santé.

Le Québec doit également retourner négocier avec Ottawa les enveloppes avoisinant le milliard de dollars annuellement afin de financer les mesures de soutien au marché du travail afin de peut-être espérer combler une partie de nos besoins de main-d’œuvre.

Les défis à venir sont donc énormes et les attentes, élevées, pour faire atterrir tous ces dossiers cruciaux pour les milieux socio-économiques. Entre-temps, profitons-en pour recharger les batteries avant de s’atteler à la tâche, car si vous pensez que l’été sera chaud, attendez de voir l’automne !

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