Articles de blogue
19 février 2022
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19 février 2022
Si, en 2019, le taux d’activité des Québécois de 60 ans et plus avait été égal à celui de l’Ontario, ce sont environ 82 000 personnes de plus qui pourraient pourvoir les postes vacants. Qui plus est, il s’agirait de 82 000 travailleurs porteurs de savoirs et de savoir-faire accumulés au fil de 30 ou 40 ans de vie active.
Pour la FCCQ, l’attraction et la rétention en emploi de ces travailleurs expérimentés sont les éléments d’une stratégie gagnante1, notamment en leur offrant la possibilité de participer au marché du travail avec des horaires à temps partiels, des horaires flexibles ou encore, des horaires adaptés à leurs besoins.
Pour y parvenir, la réglementation et la fiscalité doivent être mises à jour. Pour tenir compte de cette réalité, les entreprises doivent s’adapter et les conventions collectives, le cas échéant, doivent permettre une certaine flexibilité supplémentaire afin d’accommoder les besoins de ces travailleurs.
Cela dit, les gouvernements — étant eux-mêmes des employeurs — doivent agir rapidement et modifier certaines dispositions administratives et fiscales qui dissuadent les travailleurs expérimentés de rester ou de revenir au travail. Par exemple :
Augmenter le seuil de revenu ne diminuant pas les prestations du Supplément de revenu garanti (SRG).
Effectuer une révision des limites, des conditions et des impacts fiscaux de la conversion d’un REER en FERR avec comme objectif d’éliminer les contraintes pour un travailleur expérimenté voulant continuer à travailler ou retourner sur le marché du travail.
Se doter d’un plan d’action afin de favoriser la rétention et l’embauche des travailleurs expérimentés et de retarder l’âge moyen de départ à la retraite, notamment sur le plan de la sensibilisation, de la formation et de l’aide à la réintégration du marché du travail.
Considérer une hausse du seuil d’assujettissement des revenus de travail au premier palier d’imposition.
Bonifier le crédit d’impôt pour la prolongation de carrière.
Modifier le mode de fonctionnement du Régime des rentes du Québec afin de permettre à un prestataire de faire cesser ses prestations lorsqu’il trouve un emploi, peu importe la durée écoulée depuis le début des versements. Aussi, supprimer l’obligation de cotiser au RRQ pour ceux et celles qui ont commencé à recevoir des rentes.
De permettre à un prestataire du Régime de rentes du Québec de faire cesser les prestations six mois ou plus après le début de leur versement. Ce délai, arbitrairement court et inutilement rigide, ne permet pas à un prestataire du régime de rentes d’interrompre ses prestations en cas de retour au travail. Il incite à la retraite permanente et irréversible, alors qu’on veut justement accroître le taux d’activité des travailleurs expérimentés.
La limite de 71 ans pour convertir un REER en FERR, assorti d’un taux de retrait minimal élevé, imposable et qui croît avec l’âge, rend fiscalement désavantageux le maintien ou le retour au travail, pour un septuagénaire, de rester sur le marché du travail, même s’il le désire. À cela s’ajoute l’obligation de cotiser au RRQ sur tout revenu de travail, même après avoir commencé à recevoir des rentes, une mesure pénalisant particulièrement le travailleur autonome, qui paie à la fois la cotisation de l’employé et de l’employeur. D’autres mesures incitatives, telles que bonifier la Prime au travail et retarder l’âge minimal d’accès au RRQ à 62 ans, mériteraient également d’être évaluées.
Les gouvernements devraient ainsi assouplir certaines dispositions administratives et fiscales pour faciliter le maintien ou le retour en emploi de ces travailleurs. Toute notre société en tirera profit et l’opportunité se présente maintenant.
La seconde partie de ce billet de blogue traitera des différentes approches de rétention et d’intégration des travailleurs expérimentés en favorisant la souplesse ainsi que les bonnes pratiques dans les milieux de travail.
Comme présenté ci-dessus, les leviers financiers et fiscaux font partie intégrante de la solution afin de favoriser la rétention de ces employés. Cependant, au-delà de ces incitatifs économiques, la seconde partie de la solution repose sur la culture organisationnelle des entreprises du secteur privé et aussi, des employeurs du secteur public.
Lors d’une analyse réalisée en 2018 par la FCCQ et EY (consulter ici), quatre grandes recommandations ont été définies.
Pour ce qui est de la culture organisationnelle, le premier objectif établi est celui d’encourager un dialogue social et d’amorcer une campagne de sensibilisation à plusieurs niveaux afin de briser les mythes et les stéréotypes basés sur l’âge d’un travailleur; comme certains pays européens ont pu le faire, notamment la France, les Pays-Bas et la Norvège. Une opération d’envergure nationale pour encourager les changements de perceptions et désamorcer les attitudes négatives à l’endroit des travailleurs expérimentés mènerait à des changements durables des comportements et des habitudes des employeurs. Pour y parvenir, il est nécessaire de sensibiliser le grand public, les organisations, les gestionnaires et les travailleurs expérimentés quant aux opportunités qui s’offrent à eux dans ce changement de paradigme.
Afin de réussir cette campagne de sensibilisation, la FCCQ suggère aux employeurs de revoir leur approche quant aux travailleurs expérimentés et d’établir des approches adaptées de rétention en emploi de ces employés. Pour y parvenir, la FCCQ recommande :
Il est essentiel de reconnaître formellement la valeur ajoutée des travailleurs expérimentés et leur forte contribution à la performance et au succès d’une entreprise. Pour réussir cette démarche, il est essentiel d’offrir des mesures de conciliation en entreprise qui sont adaptées aux besoins particuliers de ces travailleurs. Les travailleurs expérimentés ne constituent pas un groupe homogène. D’une part, il n’existe pas de consensus quant à la définition du critère de l’âge, d’autre part, plusieurs variables peuvent influencer le profil du travailleur expérimenté : genre, situation familiale, enfants à charge, éducation, nature de l’emploi (p. ex., cols bleus ou cols blancs). Certains travailleurs expérimentés souhaiteraient continuer à travailler pourvu qu’ils puissent trouver sur le marché du travail une souplesse qui convienne à leurs objectifs. D’ailleurs, les travailleurs expérimentés et leurs collègues millénariaux se rejoignent : ils accordent de l’importance à leur vie personnelle et voient le travail comme une voie de réalisation de soi. De plus en plus d’employeurs s’adaptent à ces réalités, avec succès. Il faut miser là-dessus.
Afin de favoriser la reconnaissance de leur valeur, la FCCQ propose de :
En conclusion, il est important de se rappeler que d’ici 2030, un travailleur sur quatre aura plus de 65 ans. Le contexte démographique actuel impose aux organisations qu’elles considèrent toutes les sources possibles de travailleurs. S’il est vrai que l’espérance de vie de la population québécoise augmente, son état de santé s’améliore aussi, ce qui fait des travailleurs expérimentés une tranche de la population en mesure de contribuer à combler la pénurie de main-d’œuvre, mais ce potentiel est sous-exploité. La FCCQ croit que l’application des recommandations dans les milieux de travail et dans la société permettront de démystifier les mythes associés aux travailleurs d’expériences et également, représente une partie de la solution au défi immense de la pénurie de main-d’œuvre.
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